DOCUMENT LCI - Guerre en Ukraine : à Belgorod, première ville russe à subir les effets du conflit

par La rédaction de TF1info | Reportage : Margot Haddad, Elena Dabbakh, et Valentin Dobrov
Publié le 29 avril 2024 à 11h05

Source : TF1 Info

La ville russe de Belgorod n'est qu'à quelques kilomètres de la frontière avec l'Ukraine.
C'est ici que se concentrent la plupart des attaques menées par l'Ukraine en dehors de son territoire.
Une équipe de LCI s'est rendue sur place, où les habitants qui ont choisi de rester s'organisent.

C'est la seule région de Russie qui subit directement les effets de la guerre. Belgorod a essuyé plusieurs attaques de missiles et de drones ukrainiens, qui ont fait des morts et des blessés, et des dégâts importants lors des rares offensives des forces de Kiev sur le territoire russe.

"Bien sûr que j’ai peur ! Tout s’est effondré, mon magasin a été frappé", témoigne Yevgueny, un commerçant de la ville, dans le reportage de LCI en tête de cet article. "La ville est devenue presque vide", constate-t-il. Même si les autorités reconstruisent les bâtiments dans un temps record, la majorité des habitants ont préféré fuir le risque permanent d'être au mauvais endroit au mauvais moment pendant un bombardement ukrainien.

Mais d’autres, comme Dimitri, restent encore. Pourtant, il a vécu le pire, comme il le raconte à notre équipe. "Les militaires m’ont appelé pour me dire qu’ils avaient retrouvé ma sœur. Nous sommes venus à la morgue l’identifier. Il y avait des cadavres partout, c’était horrible", dit-il. C'est le 30 décembre dernier que Belgorod a subi cette attaque, la plus meurtrière sur le sol russe depuis le début du conflit en 2022, avec un bilan d'au moins 22 morts. Ce jour-là, en plein centre-ville, Victoria, la sœur de Dimitri, et ses deux filles, ont été victimes d’une frappe ukrainienne.

Je me suis retournée et j’ai vu que maman était par terre
Anastasia, 9 ans

"Les petites ont survécu", poursuit Dimitri, "c’était la panique, des inconnus ont trouvé les filles par terre à côté de leur mère morte, et quelqu’un les a emmenées dans les abris". Aujourd’hui, Anastasia, 9 ans et Lisa, 1 an, vivent avec leur oncle. Après avoir vu leur mère mourir sous leurs yeux, le traumatisme est une de leurs blessures invisibles. Pour Lisa, la guerre lui aura pris sa maman et sa jambe, qui a dû être amputée.

"Avec maman, on était à l’arrêt de bus", raconte Anastasia avec sa petite sœur dans les bras, "il y a eu des explosions partout. Je me suis retournée et j’ai vu que maman était par terre". Du haut de ses neuf ans, elle garde la tête froide pour sa petite sœur. Et même si la vie à Belgorod reste rythmée par le son des sirènes, la fillette dit ne pas avoir peur grâce à ce qu’elle appelle dans son jargon d’enfant : "les cachettes secrètes".

Des familles séparées par la guerre

Il s'agit des abris anti-aériens, disposés en plusieurs points de la ville. Lors des alertes, les civils ont moins d’une minute pour gagner ces structures blindées, qui peuvent accueillir jusqu’à 20 personnes au maximum. Premières victimes des offensives ukrainiennes, les habitants de Belgorod n’en oublient pourtant pas leurs liens forts avec leurs voisins. Dans le village de Chebekino, à quelques centaines de mètres de la frontière, on ose aussi se prononcer pour la paix. "J’ai ma sœur en banlieue de Kiev", nous explique Valery, un vieil homme qui circule à scooter, "ce n'est pas normal qu’on ne puisse pas se voir, ce sont les mêmes gens que nous. Nous sommes des peuples slaves".

Avant la guerre, il y avait un train toutes les heures entre Belgorod et le nord de l’Ukraine. Désormais, il n’y a plus aucune possibilité de se revoir pour les civils de chaque côté de la frontière. Seuls le téléphone et la mémoire des morts réunissent ces deux peuples.


La rédaction de TF1info | Reportage : Margot Haddad, Elena Dabbakh, et Valentin Dobrov

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