Sonia M., ancienne épouse d'un jihadiste en Syrie, mise en examen pour crime contre l'humanité

par S.J avec AFP
Publié le 28 avril 2024 à 10h41

Source : JT 20h WE

L'ancienne épouse française d'un membre de l'État islamique a été mise en examen pour crime contre l'humanité, le 14 mars dernier.
Elle est soupçonnée d'avoir réduit en esclavage une jeune femme yézidie, mineure au moment des faits, en Syrie.

Sonia M., revenante de Syrie et ancienne épouse d'un chef des opérations extérieures de l'État islamique, a été mise en examen le 14 mars pour crime contre l'humanité et génocide, soupçonnée d'avoir réduit en esclavage une yézidie mineure en Syrie, ont indiqué ce samedi des sources judiciaire et proche du dossier.

La partie civile, aujourd'hui âgée de 25 ans, avait 16 ans quand elle a été achetée par Abdelnasser Benyoucef, alias "Abou Moutana", cet homme qui aurait revendiqué être l'un des commanditaires de l'attentat de l'Hyper Cacher, d'après Sonia M.

Selon des éléments de l'enquête révélés samedi par Le Parisien et dont l'AFP a eu connaissance, la yézidie a dénoncé un quotidien de maltraitance lors d'une audition à Erbil (Irak), en février dernier. Elle affirme avoir été séquestrée, pendant plus d'un mois, au printemps 2015. La jeune femme a précisé qu'elle ne pouvait pas boire, ni manger ou se doucher sans l'autorisation de Sonia M. Elle accuse cette dernière de l'avoir violentée à deux reprises et d'avoir été au courant que son mari la violait.

Il m'a dit que cela allait être, je n'aime pas ce mot, son esclave, que c'était un droit qu'on lui avait octroyé et que je n'avais pas le droit de le contredire
Sonia M.

Interrogée le 14 mars par un juge d'instruction antiterroriste, Sonia M. a contesté avoir commis tout sévice et dénoncé "un seul viol" de son ancien époux. L'adolescente "sortait librement de sa chambre, mangeait ce qu'elle voulait, allait aux toilettes quand elle avait besoin", a-t-elle assuré d'après son interrogatoire, dont l'AFP a eu connaissance.

Elle a aussi affirmé qu'elle ne portait pas de pistolet, comme le raconte la yézidie. Kidnappée en août 2014 en Irak, l'adolescente a été vendue à plusieurs familles jihadistes.

Sonia M. a assuré que son mari ne lui avait pas "demandé son avis". "Il m'a dit que cela allait être, je n'aime pas ce mot, son esclave, que c'était un droit qu'on lui avait octroyé et que je n'avais pas le droit de le contredire, que c'était un ordre divin"

Le juge d'instruction, qui l'avait d'abord mise en cause comme complice en septembre 2022, d'après une source judiciaire, l'a finalement mise en examen comme auteure, conformément aux réquisitions du Parquet national antiterroriste (Pnat).

Si, à l'issue de l'information judiciaire, Sonia M. est renvoyée aux assises, "ce premier procès d'une revenante pour crime contre l'humanité mettra à l'épreuve la capacité de la France à juger des crimes de guerre commis en Syrie", a estimé Me Romain Ruiz, avocat de la yézidie.


S.J avec AFP

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