Efficacité, public concerné, effets secondaires… ce que l'on sait sur la gélule anti-Covid-19 de Merck

Publié le 18 novembre 2021 à 13h01

Source : TF1 Info

EXPLICATIONS - Dans les prochaines semaines, certains Français testés positifs au Covid-19 pourraient avoir accès au traitement de Merck pour lutter contre les formes graves. Qui est concerné ? Peut-il remplacer le vaccin ? Clarisse Lhost, la présidente du laboratoire, fait le point sur LCI.

Une nouvelle arme face au Covid-19. Un an après l'arrivée des vaccins sur le marché, la France pourrait disposer dans les prochaines semaines d'un premier traitement antiviral destiné à lutter contre les formes graves. Selon le groupe Merck, sa pilule montre une bonne efficacité pour réduire les hospitalisations et les décès. En Europe comme en France, ce traitement est en cours d'évaluation par les autorités sanitaires.

En quoi consiste ce traitement ?

Ce traitement, dont la France a déjà commandé 50.000 doses, permet de "bloquer la réplication du virus et éviter qu'il se propage dans le corps", explique sur LCI Clarisse Lhoste, présidente de MSD-Merck France (voir vidéo en tête de cet article). "Cela traite le début de la maladie pour éviter qu'elle se transforme sur une forme plus grave."

Selon les résultats de l'étude de phase 3 du laboratoire, ce traitement, qui sera commercialisé sous le nom de "Lagevrio", "diminue de 50% l'aggravation qui aboutit à une hospitalisation, voire au décès", explique la patronne française du groupe. Dans les faits, une fois le test positif réalisé, il faudra se rendre chez son médecin traitant pour vous faire prescrire une ordonnance. La gélule sera ensuite à retirer "en pharmacie", et à prendre par voie orale deux fois par jour pendant cinq jours.

Qui pourra y avoir accès ?

Tout le monde ne pourra pas suivre ce processus. Ce médicament "a été évalué et sera autorisé chez les patients à risque de faire une forme grave", précise Clarisse Lhoste. Il s'agit donc des personnes qui souffrant "d'une maladie cardiovasculaire, d'un diabète, d'obésité", ainsi que les personnes âgées de plus de 60 ans.

Ce traitement pourra être prescrit "quel que soit le statut vaccinal" de la personne. En revanche, "il y a une contre-indication pour les femmes enceintes", prévient-elle.

Quand sera-t-il disponible en France ?

Si les autorités sanitaires délivrent leur feu vert, ce médicament pourrait arriver en France dans les prochaines semaines. "Nous travaillons étroitement avec les autorités pour le mettre à disposition mi-décembre", indique Clarisse Lhoste. "En décembre, c'est sûr, et nous faisons tout pour que ce soit même début décembre."

Dans le détail, l'autorisation de mise sur le marché (AMM) par l'Agence européenne du médicament est attendue "dans les deux mois". "Mais la France a un mécanisme, pour des traitements d'urgence, qui permet d'avoir un accès précoce avant l'AMM", déclare-t-elle. "L'évaluation est en cours. Le médicament pourrait être autorisé sous le format d'un accès précoce au moment de la disponibilité du produit", au mois de décembre.

Quels sont ses effets secondaires ?

Comme pour les vaccins, les effets secondaires de ce nouveau produit sont scrutés de près. "L'étude est extrêmement rassurante et a démontré un très bon profil de tolérance", assure la dirigeante, qui précise que "la batterie de tests demandée par les autorités pour déceler un potentiel risque" a été effectuée. Interrogée sur le risque de développement de cancers après la prise de ce produit, Clarisse Lhoste le garantit : "toutes les études sont extrêmement rassurantes sur le fait qu'il n'y a pas d'effet potentiel de cancer."

Peut-il remplacer le vaccin ?

Si ce traitement est considéré comme une "arme supplémentaire", il ne vient pas remplacer la vaccination, dont plus de 51,6 millions de Français ont bénéficié. "Nous avons besoin des deux", estime la présidente de Merck France. "Il n'y a que les vaccins qui peuvent nous permettre de contrôler la pandémie de façon forte et collective sur l'ensemble de la population. Comme dans toutes les maladies infectieuses, il n'y a que la vaccination qui nous permettra, à terme, de limiter la propagation du virus."

Comment a-t-il été développé si rapidement ?

Si les premiers vaccins ont été disponibles un an après l'apparition officielle de la maladie en Chine, l'arrivée de traitements moins de deux ans après le début de la pandémie reste une prouesse. "Nous ne sommes pas partis de zéro", justifie Clarisse Lhoste. "La première réaction était de regarder les molécules et médicaments déjà disponibles : aucun n'a été efficace. Ensuite, il y avait des molécules en développement, notamment sur la grippe. Nous nous sommes alors demandés si cette molécule pouvait servir contre le coronavirus. Mais elle était déjà synthétisée et existait."

Quel est son prix de vente ?

Le laboratoire ne souhaite pas dévoiler le prix de vente de sa pilule. "C'est en discussion avec les autorités", précise la présidente de MSD-Merck France. Mais selon la commande passée par les États-Unis, le traitement coûterait quelque 700 dollars. "Nous ne pouvons pas comparer le prix d'un traitement par rapport à son coût de fabrication", tempère-t-elle. "Il faut prendre en compte l'ensemble des coûts de la recherche, et le comparer par rapport au coût d'une hospitalisation."

Clarisse Lhoste l'assure : "l'objectif est de rendre ce traitement accessible partout dans le monde". Pour cela, le laboratoire "essaie d'avoir un prix différencié en fonction du niveau de vie du pays", précise-t-elle.


Idèr NABILI

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