Vaccin : le casse-tête de l'exécutif pour écouler les doses d'AstraZeneca

MM
Publié le 9 mai 2021 à 17h10, mis à jour le 9 mai 2021 à 17h23

Source : JT 13h WE

CORONAVIRUS - Face à la défiance des Français envers le sérum du laboratoire anglo-suédois, le gouvernement dispose de plusieurs options. Dans les réfrigérateurs, des millions de doses attendent d'être injectées.

Des retards de livraison, des suspensions et des doses qui s'accumulent. Le vaccin AstraZeneca connait des débuts pour le moins difficiles, concrétisés par une défiance des Français, qui rechignent à le choisir. Au point que le Premier ministre, Jean Castex, est monté au créneau, samedi 8 mai : "Il n'y a pas de danger, donc vraiment je vous exhorte à vous faire vacciner avec tous les vaccins, en particulier avec [celui d’] AstraZeneca".

Une prise de position justifiée par un constat : alors que les livraisons du laboratoire anglo-suédois ne cessent d'augmenter, les injections du vaccin sont à la baisse en France : 25.000 en moyenne la semaine dernière, contre 80.000 à la mi-avril. Au total, seules 75% des doses reçues ont été injectées, selon des chiffres arrêtés dimanche 2 mai. Sans compter que l'Hexagone doit recevoir, la semaine prochaine, plus de deux millions de doses supplémentaires.

Dès lors, le vaccin mal-aimé fait figure de casse-tête pour les autorités sanitaires. Faut-il ouvrir la vaccination aux plus jeunes ? Laisser le choix à tous les volontaires, quel que soit leur âge, de choisir le sérum d'AstraZeneca ? Aujourd'hui, seuls les plus de 55 ans sont éligibles au vaccin, car des cas très rares de thromboses ont été recensés chez des patients plus jeunes : 30 cas - dont 9 décès - sur plus de 3,8 millions de doses administrées au 29 avril, selon l'Agence française du médicament (ANSM).

La vaccination contre une décharge "n'a aucune base juridique"

"On ne peut pas abaisser l'âge pour répondre à une simple logique d'écoulement des doses. Sachant qu'il existe des alternatives avec d'autres vaccins pour lesquels il n'y a pas ce risque, il est logique de préférer ces vaccins", estime le professeur Jean-Louis Koeck, médecin biologiste et fondateur de Mesvaccins.net.

L'idée de faire signer une décharge à ceux qui souhaiteraient se faire vacciner avec l'AstraZeneca est par ailleurs évoquée par le gouvernement. C'est d'ailleurs l'option choisie par certaines régions allemandes. Mais le dispositif serait impossible à mettre en place en France, selon le docteur Jean-Paul Thierry. "L'apparition du mot 'décharge' a beaucoup étonné, notamment chez les associations de patients. Ça n'a aucune base juridique et c'est même plutôt contre-productif : c'est de nature à augmenter la suspicion vis-à-vis de ce vaccin."

En attendant que l'exécutif tranche dans le vif, la Haute Autorité de Santé devrait se prononcer dès la semaine prochaine, sur de nouvelles recommandations pour AstraZeneca.

Pour l'heure, dès lundi 10 mai, tous les Français âgés de 50 ans et plus pourront se faire vacciner contre le Covid-19, sans condition, soit cinq jours plus tôt qu'initialement prévu par le gouvernement. Puis, à partir de mercredi, les injections seront accessibles aux plus de 18 ans lorsqu'un créneau sera disponible la veille pour le lendemain sur les plateformes de prises de rendez-vous comme Doctolib. Objectif : qu'aucune dose ne soit plus gâchée.

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L'Union européenne, de son côté, n'a, pour l'heure, pas renouvelé son contrat de fourniture de vaccins avec AstraZeneca pour après le mois de juin, a indiqué, dimanche, le commissaire européen Thierry Breton au lendemain de l'annonce de la signature d'un nouveau contrat de l'UE avec Pfizer. "On verra, on regarde ce qu'il se passe", a-t-il précisé.

Désormais, l'UE mise ouvertement sur les vaccins dits à ARN messager, comme ceux de BioNTech-Pfizer et de l'américain Moderna, une technologie innovante jugée plus efficace contre les variants dits "sud-africain" et "brésilien".

Le vaccin d'AstraZeneca, qui utilise une technologie plus traditionnelle, a en revanche pâti de très forts retards de livraison qui ont poussé l'UE à introduire une action en justice contre le laboratoire suédo-britannique. L'UE et AstraZeneca s'expliqueront le 26 mai devant un tribunal de Bruxelles à ce sujet.


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