VIDÉO - Plus de 80% des conducteurs seuls dans leur voiture le matin : le covoiturage est-il en panne sèche ?

par V. F | Reportage TF1 Antoine Cazabonne, Christophe Arigoni et Manon Scarzello
Publié le 10 octobre 2023 à 7h00

Source : JT 13h Semaine

Selon une étude du gestionnaire d'autoroutes Vinci, réalisée aux abords de dix métropoles françaises, plus de huit conducteurs sur dix roulent seuls dans leur voiture entre 7h et 10h du matin.
Comment l'expliquer et quels sont les points de blocage ?
Le JT de TF1 a mené l'enquête dans le sud de la France.

À l'heure de pointe, cela saute aux yeux. Prenons un axe routier montpelliérain de bon matin, comme on peut le voir dans le reportage de TF1 en tête de cet article : dans chaque véhicule, on ne trouve qu'un seul conducteur. Comme eux, huit Français sur dix roulent seuls entre 7h et 10h du matin, selon une étude du gestionnaire d'autoroutes Vinci. D'après celle-ci, dans 83,3% des plus de 500.000 véhicules observés entre mai et juin 2023, hors périodes scolaires, à l'aide de caméras et d'un comptage par intelligence artificielle, les conducteurs étaient "seuls à bord de leur véhicule".

Pas assez attractif pour le conducteur

Et quand l'équipe de TF1 demande à des automobilistes pourquoi ils ne prennent pas de passagers, la réponse fuse : "Non, ça ne me tente pas", avouent certains. Une jeune femme ajoute : "Je préfère faire ma route seule, tranquille". Difficile aussi de changer ses habitudes. "C'est trop de contraintes. Il faut suivre l'horaire des autres. Et moi, j'aime être libre, indépendante. Je n'aime pas savoir que je suis tenu par un horaire ou par quelqu'un", reconnait ainsi une mère de famille. "Je ne sais pas à quelle heure je vais rentrer du travail. On ne peut pas se coordonner. Ce n'est pas qu'on ne veuille pas, mais ce n'est pas faisable", affirme de son côté un homme d'affaires. 

Conscient du problème, le gouvernement a investi 150 millions d'euros dans des aires de stationnement et a lancé une prime de 100 euros pour les nouveaux conducteurs. Mesures inefficaces puisque le covoiturage ne représente que 1% des kilomètres parcourus chaque jour. Alors comment l'expliquer ? Pour le savoir, le JT de TF1 a réservé un trajet avec un conducteur sur un site dédié, direction Montpellier. Cinquante minutes de route à partager. Ce dernier le reconnait, une fois sur deux, son annonce ne trouve pas preneur. "Ce sont des petites contraintes mises bout à bout, comme avancer son horaire ou reculer son horaire d'un quart d'heure, faire cinq minutes de trajet pour aller rejoindre untel en tant que passager ou conducteur ici ou ici", regrette-t-il. 

Le covoiturage est trop contraignant pour le passager et pas assez attractif pour le conducteur au quotidien. "Alors que dans le covoiturage longue distance, ça lui permet d'économiser une bonne partie du coût de son trajet. Là, pour quelques euros, ce n'est pas très incitatif de prendre des passagers. D'où l'importance, encore une fois, d'arriver à ce que les collectivités locales construisent des bonnes solutions", explique Géraud Guibert, président de "La fabrique écologique". 

Certaines collectivités locales agissent déjà. C'est le cas dans l'Aude où le département a remanié son application de covoiturage. Elle permet bien sûr de réserver un trajet, mais surtout de réclamer toutes les aides disponibles en quelques clics. "On avait du mal à s'y retrouver. Il y a beaucoup de collectivités qui proposent des aides, que ce soit l'État, la région, le département, certaines intercommunalités, des communes... Et donc c'est vraiment éparpillé. Là, on est sur un unique outil où on retrouve toutes les aides", avance Sylvain Peyron, chef de projet mobilité. 

Pour Hélène Sandragné, présidente du département de l'Aude, "cette insuffisance globale amène les collectivités à faire des choix". "Et on choisit ou pas de promouvoir ce type de déplacement", précise-t-elle. 100 .00 euros sont investis pour pallier le manque de transport dans un département rural. Difficile de savoir si ces efforts seront suffisants. Le gouvernement promet d'atteindre les trois millions de trajets covoiturés par jour d'ici à 2027, c'est trois fois plus qu'aujourd'hui.


V. F | Reportage TF1 Antoine Cazabonne, Christophe Arigoni et Manon Scarzello

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